LA FORCE UNIFICATRICE DE LA COMMUNION
par Chip Brogden

Il existe une communion qui ne peut être ni forcée, ni artificielle; il s'agit de la communion spirituelle que fait naître l'Esprit. Elle émane de l'Esprit, elle est soutenue et maintenue ensemble par l'Esprit.

Ne pensons pas à cette communion spirituelle en termes de réunions ou de rassemblements. Il est tout à fait possible de tenir une réunion sans avoir la communion, de même qu'il est possible de fréquenter « l'église » sans être en réalité l'Ecclésia. La véritable communion spirituelle ne dépend en rien du fait de tenir des réunions ou de se réunir ensemble. La réunion sera parfois une aide et parfois une entrave. Tournons donc notre regard vers quelque chose de plus élevé que la réunion.

La communion spirituelle n'est pas un but, mais un résultat. D'après notre expérience, si la communion constitue le but, alors la communion n'est pas très profonde, et généralement ne dure pas longtemps. La communion pour la communion n'est pas différente de fréquenter l'église juste pour fréquenter l'église. Rien ou bien peu de choses peuvent être obtenues quand la « communion » est la chose prééminente, quand les « réunions » sont la base de la vie spirituelle, quand les « rassemblements » sont un but en eux-mêmes.

Partager « une partie de sa vie » n'est pas la même chose que partager la Vie. La première est une fonction sociale, mais la seconde est une relation spirituelle. La première ne fonctionne que si tous sont semblables dans leur façon de penser, personnalité, attitude, point de vue. La seconde rassemble des gens qui, pris individuellement, sont très différents. Ils peuvent avoir des pensées différentes, des personnalités différentes, des attitudes différentes, et des points de vue différents. Mais il existe entre eux une camaraderie et une connexion instantanées. Il n'est pas du tout difficile de partager « une partie de sa vie » avec des gens qui sont exactement comme vous, mais c'est une bataille pour initier et maintenir la communion spirituelle dans laquelle la Vie de Christ est la chose prééminente. Il y a un travail, un témoignage, et un combat difficile dans ce type de communion. Mais quand la communion devient sociale au lieu d'être spirituelle, c'est qu'elle s'est décentrée de Christ pour se centrer sur Elle-même; et peu importe l'endroit où le groupe se réunit, la façon dont il se réunit, et ce qu'ils font quand ils se réunissent; on y rencontre le besoin de l'homme au lieu de répondre au besoin de Dieu.

Peut être participez-vous à un rassemblement de gens. Leur communion est-elle sociale ou spirituelle? Il s'agit peut être d'une communion qui au départ était sociale et qui tente de devenir spirituelle, et si c'est le cas, nous remercions le Seigneur pour cela et nous la soutenons. Cependant, bien trop souvent, la communion sociale pense être spirituelle, et il n'y a aucune intention d'atteindre quelque chose de plus élevé, d'empressement vers une expression plus complète de la Pleine Pensée de Dieu. Nous profitons de l'interaction sociale parce que nous en avons « besoin », et le Besoin de Dieu, Son Objectif, est rarement, sinon jamais, pris en considération.

Nous avons découvert qu'il existe une force unificatrice qui lie les gens les uns aux autres dans le cadre d'une communion spirituelle. D'une certaine façon, vous pouvez dire que la force unificatrice est Christ Lui-même et, alors que nous sommes assemblés en Son Nom, Il nous unit dans une communion spirituelle. C'est techniquement correct, mais cela peut se transformer en une banalité spirituelle. De même qu'il y a beaucoup de gens qui prophétisent ou chassent des démons, et font des oeuvres puissantes « dans le Nom de Jésus », il y en a beaucoup qui se réunissent ensemble « dans le Nom de Jésus »; mais le simple fait d'invoquer Son Nom, ou d'affirmer se réunir en Son Nom, ne signifie pas nécessairement qu'Il est présent au milieu d'eux ou qu'Il approuve ce qui est en train de se passer. Il est possible de faire bien des oeuvres impressionnantes, de tenir de nombreuses et puissantes réunions, pour finir par s'entendre dire par le Seigneur, « Je ne vous ai jamais connus ».

Quelle est donc cette force unificatrice qui lie les gens les uns aux autres au sein d'une communion spirituelle? Oui, c'est Christ, mais comment les gens en arrivent-ils à cette conclusion? Comment quittent-ils le terrain de leur communion sociale pour venir sur celui de la communion spirituelle, en, de, par, à travers et jusqu'en Christ Lui-même?

Je pense que l'on peut trouver une illustration de cela, dans le Livre de Tolkien, Le Seigneur des Anneaux. Si cette histoire vous est familière, vous savez donc qu'une réunion s'est tenue à propos du problème du mal grandissant qui menaçait leur pays. Toutes les races ont envoyé des représentants à cette réunion. Et vous savez que cette réunion a été conflictuelle, et que les gens se sont divisés sur le critère de leurs races respectives - ce qui n'est pas si éloigné des différences religieuses, politiques, raciales, culturelles, et socio-économiques qui nous divisent aujourd'hui.

Finalement il a été décidé que l'Anneau de Puissance devait être détruit, et que pour cela, quelqu'un devait prendre l'anneau et se rendre au coeur même du pays ennemi pour le jeter dans le feu de la Montagne du Destin. Frodon allait porter l'anneau, mais il ne pouvait pas faire le voyage seul. Il avait besoin d'aide. Un par un, des membres de chaque race se sont portés volontaires pour voyager avec Frodon afin d'exécuter cette mission pour la sauvegarde de la Terre du Milieu. Gandalf les a appelés, la Communauté de l'Anneau, et les a envoyés accomplir leur mission.

Voici maintenant la chose qu'il faut remarquer: ce groupe multiculturel ne s'était pas réuni ensemble parce qu'ils désiraient la communion, ou parce qu'ils en avaient besoin. Créer une communauté était la chose la plus éloignée de leurs pensées. Ils n'avaient pas cela à coeur. Ils étaient probablement assez satisfaits de ne devoir s'occuper que d'eux-mêmes. Ils n'étaient même pas amis quand ils ont commencé leur quête. Mais une crise les a rapprochés - une crise maléfique. Et un par un, ils ont été prêts à sacrifier quelque chose d'eux-mêmes en faveur d'un intérêt supérieur. Ce fut cette volonté de sacrifier leurs intérêts propres pour une cause commune qui fit d'eux une communauté.

Finalement, il a pu sembler que la communauté avait été brisée - ses membres dispersés dans différentes directions - mais l'essence même de leur communion était restée intacte. Bien que ses membres ne soient que vaguement au courant de ce que les autres étaient en train de faire, ils avaient le sentiment que toute chose était connectée; que la bataille dans la plaine serait une aide pour Frodon sur la montagne. A la fin, chacun mit de coté ses différences pour travailler ensemble dans un but commun, à savoir débarrasser du mal une fois pour toutes la Terre du Milieu. Ils vécurent ensemble, combattirent ensemble, versèrent leur sang ensemble, moururent ensemble, obtinrent la victoire ensemble. Ils étaient une Communauté.

Cette histoire n'est peut être qu'une fiction, mais son application spirituelle est bien réelle. L'Apôtre Jean nous alerte sur l'existence d'un mal universel, un esprit d'Antichrist, qui a surgi pour voler, tuer et détruire « toute chose verte et bonne » dans la Création de Dieu. Jean nous appelle à nous joindre à lui au sein de la Communion du Fils, pour être le peuple au moyen duquel Dieu désire affronter ce mal et le défaire une fois pour toutes.

Dieu a appelé à cette Communion « des hommes de toute tribu, de toute langue, de tout peuple, et de toute nation; tu as fait d'eux un royaume et des sacrificateurs pour notre Dieu, et ils régneront sur la terre » (Apocalypse 5:9,10). Voilà la communion spirituelle à laquelle nous sommes appelés en Christ. C'est bien plus qu'une simple réunion ou un rassemblement. Unissons nous ensemble en faveur du Dessein Eternel de Dieu, de Son Plan, de Sa Volonté, de Son Royaume, et permettons Lui de nous introduire dans une communion plus profonde avec Lui-même et les uns avec les autres - quelle que soit la distance.